#3 - La checklist ✅ anti-désinformation
👉 Comment repérer et déjouer les tactiques secrètes de désinformation en santé
Bonjour à toutes et tous!
Bienvenue dans cette nouvelle édition des Clés 🔑!
Les gens partagent souvent les infox innocemment.
Mais parfois ces infox sont créées intentionnellement pour tirer un bénéfice financier, politique, de pouvoir, etc.
Aujourd’hui, nous allons explorer :
→ les motivations et outils des créateurs de désinformation
→ les principales tactiques de désinformation en santé
→ le rôle de chaque acteur de santé dans la lutte contre la désinformation
En 🎁, vous pourrez télécharger la checklist anti-désinformation
👉 à utiliser sans modération avec vos patients/clients/collègues/proches pour mieux détecter la désinformation en santé.
Objectif : donner à chacun de vous un max de 🔑 pour repérer la désinformation et surtout aider votre entourage à faire de même. Même Mimine 😁
‼️ Votre expérience est précieuse 💎
Vous êtes aujourd’hui plus de 700 abonnés: merci pour votre fidélité!
Votre expérience terrain est précieuse: j’ai mis en place les outils pour vous permettre de partager les infox (= vos patates chaudes🫣) qui viennent perturber votre quotidien de praticiens/acteurs de santé.
Nous lancerons très prochainement la rubrique "Détox de l'Infox" alors n'hésitez plus à partager les infox que vous aimeriez y voir traiter par email ou sur le chat‼️ (plus d'infos en cliquant ici)
⏩️ Et maintenant c’est parti, plongeons dans les tactiques de désinformations 🤿
Collaborer entre acteurs de santé 🤝 pour déjouer la désinformation
Pour commencer, petit retour sur les définitions.
Dans la première édition de cette newsletter, #1 - Au fait, c'est quoi l'infox santé?, je vous ai décrit par le menu ce qui se cache derrière les termes d’infox, de fake-news, de mésinformation et de désinformation.
Souvenez-vous : en matière d’infox, c’est l’intention qui compte 🙃
Une fausse information peut être diffusée intentionnellement dans un but malveillant, par exemple pour inciter les gens à croire quelque chose dans un but lucratif ou pour obtenir un avantage politique.
👉 C'est ce qu'on appelle la « désinformation ».
Certaines personnes cherchent clairement
à tirer un bénéfice de l’information qu’ils savent pertinemment fausses.
Les désinformateurs en santé se structurent autour de motivations diverses :
👉 le profit
👉 l’idéologie
👉 la recherche de notoriété
… et d’outils variés :
🪄produits ou traitements miracle
🃏narratifs/récits complotistes
🎤 discours populistes
La désinformation ne prend pas forcément la forme de grandes théories complotistes, elle peut simplement viser à utiliser la détresse des personnes pour générer plus de clics, donc plus de vues de publicités et plus de gains financiers.

Bien comprendre ces profils permet d’adapter nos stratégies de lutte, tant sur le plan institutionnel que citoyen.
La checklist du petit désinformateur
Vous l’avez peut-être déjà compris, mais pour générer du profit le désinformateur (petit ou grand) a besoin de :
1️⃣ capter votre attention ⚠️
2️⃣ gagner votre confiance 😵💫
3️⃣ vous pousser à l’action 👍
Pour cela, il faut qu’il remplisse une condition essentielle ⬇️⬇️
Créer du matériel de désinformation qui vous paraisse crédible.
Comment faire ? c’est assez simple, il suffit de manipuler nos 🧠.
Pour donner rapidement un sens au monde, notre cerveau s’appuie sur un certain nombre d’indices pour catégoriser les objets/personnes/situations.
Prenons un exemple, voici un indice:
Je parie qu’il vous fait immédiatement penser à un détective, ou même à Sherlock Holmes 🎻.
👉 Les créateurs de désinformation utilisent de la même façon des repères visuels pour nous induire en erreur 🎭
C’est ce qu’ils utilisent notamment pour donner l’illusion d’une expertise.
La figure de l’expert
Un de leurs trucs préférés est l’argument d’autorité : prouver qu’une idée est vraie parce qu’elle est affirmée par une personne ou une institution perçue comme légitime ou experte, sans forcément apporter de preuves supplémentaires.
Il en résulte plusieurs tactiques :
Le faux logo → Inclure le logo d'une organisation établie, par exemple le logo de l’OMS, ou de l’institut Pasteur, ou d'une chaine d’info dans un message.
La blouse ou le stéthoscope → Utiliser des indices visuels signalant l’expertise médicale ou scientifique (ça a l’air tout bête, mais ca marche magnifiquement bien pour tromper notre cerveau).
D’ailleurs, ce n’est pas une nouvelle technique :

L’argument d’autorité peut donc passer par des indices physiques ou des indices de marque, mais aussi par l’utilisation du jargon médical ou de la rareté des termes.
Le site professionnel → Créer un site web professionnel et élégant, car notre cerveau considère ce repère visuel comme une « preuve » de fiabilité.
Le terme rare → Utiliser un mot rare, jargonneux, comme nom de marque ou dans le texte explicatif, a un double intérêt :
il donne l’illusion d’une expertise, très utile pour vendre une solution miracle ;
et il permet un bon référencement en ligne, menant les personnes cherchant plus d’informations à des pages web développant le narratif de désinformation.
Ces méthodes sont dévastatrices pour la confiance dans la science et les institutions médicales.
Et elles entrent malheureusement en raisonnance avec des cas d’escroqueries organisées au sein d’institutions réelles, ce qui ne fait que renforcer leur ancrage mental. Souvenez-vous par exemple du scandale financier au sein de l’ARC dont le président s’affichait en blouse à la télévision (plus d’info), ou plus récemment, les études biaisées d’un certain professeur de médecine marseillais…
La puissance de la proximité et de l’identification
La désinformation exploite aussi la confiance naturelle que l’on fait aux proches.
En France, les professionnels de santé restent (heureusement) les sources d’information de confiance de choix des Français.
🤓 Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’étude de la Fondation Descartes sur les croyances et comportements d’information des Français liés à leur niveau de connaissances en santé, au refus vaccinal et au renoncement médical.
Mais dans un baromètre La Croix/Verian/La Poste daté de janvier 2025, les “proches” arrivent en pôle position de la confiance pour l’information sur l’actualité, alors que les experts et scientifiques arrivent loin derrière.
Pour tout ce qui est sujet “chaud” d’actualité (y compris en santé), il ne faut pas négliger les mécanismes de stress qui amènent l’humain à se tourner vers ses relations de proximité pour s’informer.
(J’y reviendrai plus en détail dans un futur numéro des Clés🔑)
Le phénomène d’identification et l’art du storytelling sont également très puissants cognitivement pour capter notre attention et activer notre mémorisation.
Ceci est dû à de multiples mécanismes, dont l’activation des circuits d’empathie, d’activation de l’attention et de “self-referencing”.
Sans surprise, les tactiques de désinformation utilisent ces astuces :
La référence à un proche → Inclure dans un post quelque chose comme : “Mon frère travaille pour le gouvernement et a des informations privilégiées. Il vient de me dire que...” ou “Ma sœur est infirmière et vient de m'appeler de l'unité de soins intensifs pour me dire...”.
L’expérience vécue à la première personne → Il est très difficile de vérifier les faits si quelqu’un dit : “Cela m'est arrivé”. La désinformation prend alor la forme d’histoires vécues par de vraies personnes alors qu'il s'agit d'inventions.
On récapitule
Connaitre ces tactiques est donc un pré-requis pour les repérer et se protéger soi-même. Mais…
Aider vos collègues/patients/clients/amis, bref, tout votre entourage, à les repérer pour s’en protéger, c’est encore mieux! 💪
Je vous ai donc préparé une infographie récapitulative sur les tactiques de désinformation.
⏩️⏩️ Téléchargez la et diffusez la!

🚨 Vous avez repéré une désinformation caractérisée en ligne ? 🚨
🆘 N'hésitez pas, signalez la 🆘
Rendez-vous à la fin de cet email
⬇️⬇️⬇️
Chaque acteur de santé a son rôle à jouer
Une fois la désinformation créée (intentionnellement donc) et lachée dans la nature, elle est souvent amplifiée par des astuces tels que des bots 🤖 ou des influenceurs peu scrupuleux.
Elle se diffuse, et finit par être est partagée et relayée “innocemment” par un grand nombre de personne.
Beaucoup de personnes qui partagent ces infox ne cherchent pas à désinformer.
Au contraire, elles expriment des préoccupations, cherchent à donner un sens à des informations contradictoires, ou cherchent des réponses à des questions honnêtes.
En tant qu’acteurs de santé, et souvent scientifiques, il faut prendre en compte une notion qui ne nous est pas naturelle :
Le cerveau ne cherche pas la vérité en priorité, il cherche ce qui est significatif, incarné et émotionnellement engageant.
Et spoiler: même un bac +10 hyper spécialisé et avec un gros background scientifique peut se faire avoir par une infox bien ficelée.
Voici quelques clés🔑 pour agir chacun à son niveau ⬇️⬇️
Je travaille dans une organisation de santé (Ordre, Institut, etc)
Je propose des formations aux cliniciens sur la manière d’aborder la mésinformation, en prenant en compte la diversité des patients (besoins, préoccupations, parcours, expériences) ;
Je forme mes membres à devenir des sources fiables pour les journalistes et à communiquer efficacement en ligne sur la recherche scientifique ;
J’utilise des plateformes médiatiques pour diffuser des informations de santé précises et validées, facilement accessibles.
Je suis soignant ou affilié
(médecins, infirmier·ère·s, vétérinaires, pharmaciens, etc.)
Je ne suis pas surpris/agacé que le patient/client ait recherché des informations en ligne sur le sujet qui l’inquiète ;
J’aborde le sujet de la désinformation pour lui montrer comment la repérer dès que l’occasion se présente (avec l’infographie si besoin) ;
J’écoute avec empathie, et je corrige les mésinformations de façon personnalisée (culture, contexte) ;
J’utilise un langage accessible, en évitant le jargon médical, pour que les messages soient compris par tous et je n’hésite pas à les répéter.
Je suis patient, client ou aidant
J’utilise la checklist pour repérer les grosses ficelles des tactiques de désinformation ;
Je m’interroge: y a-t-il un bénéfice (financier, politique, activiste) pour celui qui a créé l’information que je recois ?
Je vérifie à chaque fois (si besoin avec un expert de santé) les informations qui me touchent émotionnellement ;
Je me rappelle qu’expérience personnelle ne veut pas dire fait généralisable à tous.
Je travaille dans une association de patients/aidants ou pour une communauté
Je me forme à la mésinformation et je mets à disposition de mes membres des formations pour la détecter ;
Je travaille en collaboration avec des soignants pour diffuser des informations adaptées aux besoins et aux préoccupations spécifiques à ma communauté ;
J’alerte les membres de mon association lorsque je vois une désinformation circuler et susciter de l’intérêt au sein de ma communauté.
🚨 Ne pas oublier de signaler les arnaques 🚨
Quel que soit votre rôle d’acteur santé, signalez la désinformation dans votre réseau professionnel/associatif et aux autorités.
Vous pouvez signaler par exemple:
👉 sur la plateforme Pharos pour les contenus illicites sur internet
👉 sur SignalConso lorsque vous repérez une entreprise qui publie de la désinformation
👉 sur Econsumer.org lorsque l’entreprise n’est pas basée en France
Vous pouvez également écrire aux organismes de fact-checking pour signaler un besoin de vérification.
L’AFP Factuel a mis en place un numéro dédié 📳 06 47 08 70 46
Et voilà, c’est fini pour aujourd’hui 🥲
Mais les Clés reviennent dans 15 jours, pour analyser pourquoi on ne peut s’empêcher de partager l’infox… même lorsque l’on est conscient que l’information est fausse.
J‘espère que ce nouvel opus t’a plu !
N’hésite à cliquer sur le petit coeur 💛 pour me le faire savoir et à laisser un commentaire avec tes feedbacks, idées et histoires !
A très vite, et d’ici là, bonne santé à toi !
N’hésitez pas à consulter les sources qui ont inspiré cette édition:
- source 1: Confronting Health Misinformation
- source 2 : A Community Toolkit for Addressing Health Misinformation
Merci pour toutes ces onfos tellement utiles.
Petite critique : les mails sont tres compliqués visuellement. Difficile de reperer ce que vous dites, vous, les exemples et encarts, sur quel lien cliquer, etc.. j'ai mis du temps à comprendre comment lire les sous-articles.
Bonne journée.
M. de Vigan.