#6 - Arrête de plonger, apprends à surfer!
5 clés pour débusquer l'infox santé en glissant latéralement
Bonjour à tous!
Rien de mieux qu’une bonne séance de glisse pour préparer l’été… 🏄🏄♀️🏄♂️
Je te rassure tout de suite, cette édition te concerne, même si tu es plus team montagne que team mer ;-)
Que tu sois usager du système de santé, rédacteur de contenu, soignant ou même journaliste santé, tu vas découvrir :
pourquoi vérifier l’info en ligne peut amener à ancrer l’infox,
comment des profs et étudiants de Stanford se sont fait avoir,
et comment éviter cela en pratiquant bien la lecture latérale.
Tout cela nous fera une très belle introduction à la mini-formation du mois pendant laquelle vous pourrez pratiquer en live la méthode de fact-checking SIFT.
Car oui, BIG NEWS 🥁🥁🥁 : les premières mini-formations live arrivent 🥳
👉 Je t’en dis plus sur les changements des Clés après 3 mois de publications 🎂👇🏼

💡 Cette newsletter vit grâce à ton soutien 💡
Créer du contenu rigoureux, accessible et utile prend du temps.
En devenant abonné·e payant·e, tu m’aides à créer articles, formations et webinars qui renforcent la lutte contre l’infox santé.
Le tarif ? 6€/mois, soit l’équivalent d’un café au comptoir par semaine.
☕️ + ☕️ + ☕️ + ☕️ = Un 🧠 mieux informé, mieux protégé.
🎂 Happy 3 mois les Clés !! 🎂
Trois mois que cette newsletter a vu le jour. Trois mois, et déjà plein de raisons de se réjouir.
Le 20 mars, vous étiez 110 à recevoir la toute première édition.
Aujourd’hui… vous êtes près de 1400 abonné·e·s. Rien que ça 🙏🏼
✚ Ce qui fait chaud au cœur
Taux d’ouverture : toujours au-dessus des 50% (c’est beaucoup !)
L’édition sur la circulation de la mésinformation a dépassé les 1400 vues 🚀
Les infographies ont déjà voyagé, traduites en plusieurs langues (merci à celles et ceux qui y ont contribué !)
⊖ Ce que j’apprends (et que je dois ajuster)
Vous commentez peu → j’adorerais entendre vos retours, critiques ou coups de cœur. Vraiment.
Je cours après le temps → je vais désormais bloquer un vrai “jour newsletter” chaque semaine.
Les éditions sont longues… trop longues ? → du coup, les infographies en fin de page passent parfois à la trappe. Je réfléchis à mieux les mettre en valeur.
D’autres commentaires à partager? c’est ici ⬇️⬇️⬇️
J’ai donc décidé d’ajuster la formule :
🎯 Au programme chaque mois dorénavant :
une mini formation ou un webinar avec un expert invité
une infographie pour échanger avec votre entourage
une “détox de l’infox”: un biais ou une infox décrypté
et toujours les articles mais un peu plus courts, tous les 15 jours
Vous l’avez compris, je vous enverrai un peu moins de contenu à chaque fois, mais un peu plus souvent, et un peu plus varié.
Je tatonne encore sur l’organisation de tout cela, j’espère que vous me pardonnerez quelques ratés! #teamsolopreneur😅
C’est pas fini… j’ai une question pour toi…
Merci pour ton retour!
Une dernière chose avant de plonger dans les techniques de glisse sur mésinformation…
Je dois un merci 💛 et un mea culpa 😱 à 200 abonnés
Vous êtes 200 à nous avoir rejoints depuis mai, Merci!! 🙏🏼
Mais je me suis rendue compte avec horreur hier matin que vous aviez reçu en guise d'accueil un email tout moche et tout froid …
Mea culpa, mauvaise manip de ma part 😖
👉 Si vous êtes dans ce cas, mettez moi un petit commentaire, je vous renverrai le joli message d’accueil que vous auriez dû recevoir!!
Allez, c’est parti, glissons sur la mésinformation 🏄🏄♀️🏄♂️
Pourquoi surfer vaut mieux que plonger pour éviter l’infox
Lorsque l’on parle de lutte contre l’infox, on entend souvent le même conseil: “il faut vérifier l’info avant de la croire!”.
Que vous soyez médecin, aidant, ou tout autre acteur de santé, vous avez probablement déjà donné ce conseil vous-même.
Facile à dire. Mais est-ce réellement facile à faire? 🤔
Cela semble un très bon conseil, indéniablement.
Le bon sens nous souffle à l’oreille que vérifier si une info est vraie ou fausse en faisant une recherche en ligne est une très bonne façon de contrer l’infox…
Une étude parue l’an dernier dans Nature conclut malheureusement que… non… vérifier la véracité d’une info en cherchant en ligne n’est pas toujours efficace et pourrait même faire l’effet inverse…
En croyant bien faire… on peut se désinformer
Les campagnes de littératie numérique encouragent souvent la recherche autonome pour “vérifier les faits”.
Or ces chercheurs de l’Université de Floride ont récemment (2024) révélé un paradoxe 😱 :
→ rechercher en ligne pour valider une information douteuse peut en réalité renforcer la croyance en sa véracité, au lieu de la réfuter .
Pour arriver à ce résultat étonnant, cinq expériences ont été menées, comparant les effets d’une recherche en ligne sur des articles vrais et faux.
👉 Résultats :
confrontées à un article faux, les personnes qui en vérifiait la véracité en ligne étaient plus susceptibles d’y croire,
mêmes effets, quoique plus nuancés, sur des articles vrais—lorsqu’ils étaient médiatisés par des sources de faible qualité,
mais pas de résultat significatif pour la vérification de vraies infos issues de source mainstream.
Pourquoi de tels résultats?
L’étude montre que lorsque des personnes effectuent des recherches thématiques en ligne sur des mésinformations, elles sont plus susceptibles d'être exposées à des informations de moindre qualité que lorsqu'elles effectuent des recherches sur des informations véridiques.
Les auteurs évoquent des “espaces informationnels vides” (data voids), où les recherches renvoient principalement à des contenus peu fiables (qui ont en plus souvent bien travaillé leur référencement pour remonter tout en haut des recherches).
Et là, c’est la chute…
Vos efforts pour vérifier une infox peuvent vous perdre dans un océan de sites peu fiables, au lieu de vous mener vers des sources rigoureuses.
Donc, si les algorythmes et divers ads des moteurs de recherche privilégient des sources peu fiables sur certains sujets, vérifier en ligne peut accroître la mésinformation, même pour des acteurs de santé et les internautes bien intentionnés.
Les auteurs concluent en rappelant que “Le mouvement QAnon recommande aux gens de « faire les recherches » eux-mêmes, ce qui semble être une stratégie contre-intuitive pour un mouvement axé sur la théorie du complot. Cependant, nos résultats suggèrent que la stratégie consistant à pousser les gens à vérifier des informations de faible qualité en ligne pourrait paradoxalement être encore plus efficace pour les mésinformer.”
Depuis Trump est devenu Président, et c’est… encore pire…
LE MOMENT COCORICO 🐓 ET VIVA 🇪🇺
Il y a clairement un vrai travail à faire en partenariat avec les plateformes de contenus et les moteurs de recherche pour référencer l’information santé “fiable” et la faire remonter quel que soit le type de recherche effectuée.
En Europe, un code de bonnes pratiques contre la désinformation a été adopté en 2018 et renforcé en 2022. Il fait maintenant parti du fameux Digital Service Act (toutes les infos et rapports des signataires sont consultables ici)
Un des engagements est justement le suivant:
👉 “ le code garantira la mise en place de pratiques de conception sûres afin de limiter la propagation de la désinformation et d'assurer une plus grande transparence des systèmes de recommandation, en les adaptant de manière à limiter la propagation de la désinformation.”Mais ce n’est pas encore parfait... et de nombreux points restent à mettre réellement en oeuvre.
En attendant, voilà comment ne pas tomber dans les info voids ⬇️⬇️
👉 Vérifier en ligne OUI, n’importe comment NON!
Dur dur le constat de nos chercheurs de Floride…
Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain: bien sûr, le conseil de vérifier les informations reste un EXCELLENT conseil.
Mais vérifier ne doit pas signifier plonger dans l’information elle-même (dans le sujet) ou dans le site dont vous voulez vérifier en ligne la crédibilité.
Il faut décaler votre regard digital.
En bref: on ne regarde pas au fond de la piscine, on fixe l’horizon!
Facile? pas tant que ça…
Tous dans le même bateau ⛵️
Même si nos études scientifiques nous ont appris à analyser, vérifier et décortiquer les données, nos réflexes de recherches thématiques approfondies peuvent nous jouer des tours devant une page web, une publication virale ou un article bien présenté.
Une étude de Stanford menée par Sam Wineburg et Sarah McGrew l’a démontré de façon flagrante en 2017 (en année COVID - 3 donc).
Ils cherchaient à comparer la manière dont différents profils évaluent la crédibilité d’une source en ligne.
Pour cela, ils ont demandé à trois groupes — des étudiants, des professeurs d’université et des fact-checkers professionnels — d’évaluer la crédibilité de sites web sur des sujets controversés.
👉 Résultats :
les étudiants les plus brillants… se sont fait piéger.
Les enseignants… aussi.
Qui s’en sort le mieux ? Les fact-checkeurs professionnels.
Leur secret 💎 ? Ils ne restent pas enfermés dans la page web ou dans le sujet d’information.
Ils pratiquent ce qu’on appelle la lecture latérale (lateral reading).
🔍 Lire latéralement, c’est quoi ?
C’est ouvrir d’autres onglets.
Plusieurs.
C’est quitter une page pour voir ce qu’en disent des sources indépendantes.
Au lieu d’analyser le design du site ou de chercher l’onglet « À propos », les fact-checkeurs vont chercher :
qui est derrière la page,
ce qu’en disent d’autres sites et experts
quelles sont les affiliations ou les controverses.
Histoire de sortir de la jolie histoire bien ficelée qui vous est présentée.
En résumé, ils ne font pas confiance à une source pour parler d’elle-même.
⚠️ Le danger aujourd’hui:
Un site peut avoir l’air scientifique et ne pas l’être du tout.
Une vidéo peut avoir l’air crédible tout en relayant une théorie non fondée.
Une info peut se sentir vraie… sans l’être.
👉 En lisant latéralement, en quelques clics, vous pouvez :
vérifier qui finance un site, ou une étude citée,
voir comment l’expert ou l’organisation source est perçu.e dans le monde scientifique,
croiser les informations avec des sources reconnues préidentifiées.
“Alors", me direz-vous, “si on choisit de vérifier l’info auprès de sites douteux, ou d’”experts” biaisés, ca ne marche pas cette histoire?”🤔
En effet….Si la personne qui vérifie en ligne ne se base consciemment que sur des sources biaisées, elle risque de rester enfermée dans une bulle d’informations correspondant à sa vision du monde…
Mais elle devrait quand même tomber sur quelques éléments pouvant instiller le doute quant à ses convictions, et pour tous les autres, cette méthode permet de faire déjà un bon 360° de vérification de l’information.
ℹ️ SOURCES:
- Wineburg, S., & McGrew, S. (2019). Lateral reading and the nature of expertise: Reading less and learning more when evaluating digital information. Teachers College Record, 121(11), 1-40.
- Aslett, K., Sanderson, Z., Godel, W., Persily, N., Nagler, J., & Tucker, J. A. (2024). Online searches to evaluate misinformation can increase its perceived veracity. Nature, 625(7995), 548-556.
Les clés 🔑 anti-infox du jour
Bien faire n’est pas toujours suffisant : la recherche en ligne, sans méthode ni critères rigoureux, peut renforcer des idées fausses.
👉 Les bonnes pratiques de lecture latérale à adopter:
Vous voyez une info choc ? Googlez ou cherchez sur wikipédia (et oui!) le nom du site, pas l’info elle-même.
Vous ne reconnaissez pas l’auteur ? Cherchez son affiliation, ses liens d’intérêts, son historique de prises de position.
Vous doutez d’une statistique ? Allez voir si des sites spécialisés reconnus en parlent (Ined, INSEE, Santé Publique France, etc.).
Dès que vous effectuez une recherche pour vérifier une info de santé, structurez systématiquement vos vérifications pour éviter de participer à la création et diffusion de l’infox.
🔑1️⃣ : Ne vous arrêtez pas à une simple recherche Google pour éviter de tomber dans les fameux data voids
🔑2️⃣ : Veillez à utiliser plusieurs mots-clés neutres, éviter les reprises littérales d’articles douteux.
🔑3️⃣ : Regardez latéralement, en cherchant qui est derrière l’information, qui la finance, qui la promeut.
🔑4️⃣ : Ciblez vos sources, en privilégiant des portails institutionnels, des bases scientifiques (PubMed, Cochrane…), ou des revues à comité de lecture.
🔑5️⃣ : Travaillez en réseau, et confrontez vos recherches et conclusions avec vos pairs mais aussi avec des experts, ou avec des fact‑checkers spécialisés.
Dans le monde physique, pas seulement le virtuel!
Souvenez-vous: toujours lire à côté.
Toujours chercher la source hors de la source.
Toujours se demander : qui me parle, et pourquoi ?
C’est fini pour aujourd’hui 🥲
J‘espère que ce nouvel opus t’a plu !
N’hésite à cliquer sur le petit coeur 💛 pour me le faire savoir et à laisser un commentaire avec tes feedbacks, idées et histoires !
Sur Substack, pas d’algorithme, sois tranquille, c’est seulement pour toi et moi 😌
A bientôt, prenez bien soin de vous