J’espère que la vie a été douce avec vous ces deux dernières semaines .
De mon coté, j’ai eu la chance d’être invitée au Cambridge Disinformation Summit 2025 (ce qui m’a valu un passage sous la Manche! 🚆🎓).
Je me suis jointe aux 300 chercheur·es et expert·es internationaux rassemblés pour réfléchir à une question cruciale :
👉 Quelles interventions fonctionnent vraiment pour limiter les effets délétères de la désinformation ?
Un évènement et des discussions extrêmement riches qui me permettent d’insuffler dans les Clés 🔑 les connaissances les plus récentes sur le sujet.
🏃🏻♀️🏃Si tu es pressé.e d’en savoir plus et de plonger dans les recherches présentées, j’en parle sur mon fil LinkedIn et les organisateurs (une équipe exceptionnelle!) ont mis en place une chaine YouTube dédiée.
Un écrin merveilleux (coucou Harry Potter!🪄) pour des discussions passionnantes et humbles face aux perturbations de l’environnement d’informations.
🎯 Au sommaire aujourd’hui
Cette édition #4 des Clés 🔑 va se concentrer une question centrale : qui se cache derrière la circulation effrénée de l’infox en santé?
Pour y voir plus clair, je vais vous parler cette semaine:
de la vitesse à laquelle l’infox circule sur les réseaux ⚡️
des différents profils qui participent à la circulation de l’infox → en fais-tu partie?
des clés 🔑 en image pour prendre conscience de nos comportements de partage → à partager avec patients clients et collègues !
Les mécanismes qui rendent le partage irrésistible ou presque feront l’objet d’une seconde news en mai. J’ai décidé de scinder la thématique en deux pour ne pas faire trop long et vous laisser profiter de vos ponts de mai! 😎
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En parlant de partage… Bravo pour vos premières adaptations!
Si ces versions vous intéressent, faites moi signe, je vous les enverrai.
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Le partage ses infox santé sur les réseaux est un travail d’équipe
Allez. Soyons honnêtes. Entre vous et moi, pouvez-vous réellement dire que non, jamais au grand jamais vous n’avez partagé d’information douteuse en santé?
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J’ai hâte de voir le résultat de vos votes, mais mon petit doigt me dit que les oui ne vont pas rester à zéro…
Rassurez-vous, vous n’êtes pas un cas isolé. J’oserais même dire qu'il est quasi impossible aujourd’hui d’être imperméable à l’infox.
L’infox circule à la vitesse de l’éclair
Il est assez instinctif de réaliser que dire une bétise prend beaucoup moins de temps que de démontrer scientifiquement le caractère erronée de celle-ci.
Prenons un exemple: Affirmer que “la vitamine A peut traiter la rougeole” prend 15 secondes. Démontrer que “non la vitamine A n’est pas aussi efficace qu’un vaccin pour prévenir l’infection par la rougeole, et qu’elle ne permet pas non plus de la traiter” prend un peu de temps et de recherche biblio, consultation d’experts etc.
Le problème est d’autant plus important quand les âneries sont dites par des personnalités publiques et/ou politiques.
Une étude désormais célèbre publiée dans Science en 2018, “The spread of true and false news online”, analyse les cascades d’échanges de rumeurs sur Twitter entre 2006 et 2017 et montre que:
le partage des infox lui permet d’atteindre beaucoup plus de personnes que les faits véridiques → dans l’étude, l’infox peut atteindre jusque 100 000 contre difficilement plus de 1000 pour la “vérité”.
le partage des infox est beaucoup plus rapide que celui des faits véridiques ou fact-checkés. → dans l’étude, l’infox va6 fois plus vite pour atteindre 1500 personnes que la “vérité”.
Effet de bots? 🤖
Je vous entends d'ici: "c'est la faute des bots russes!"... n'en soyez pas si sûr.
L'étude montre que les robots ont accéléré la diffusion des vraies et des fausses nouvelles au même rythme
Conclusion 👉 les fausses nouvelles se propagent + que les vraies parce que les humains, et non les robots, sont les plus susceptibles de les propager.
Attention aux transpositions rapides de chiffres : - les tweets concernés concernaient tout type de sujet, et pas seulement la santé - la plateforme Twitter a totalement changé aujourd’hui (🙅♀️) - la crise COVID et l’avènement des IA génératives font bouger les lignes - et les efforts de fact-checking professionnels sont aujourd’hui abandonnés par de nombreux acteurs de la tech. Donc en gros, c’était déjà compliqué en 2018 d’empêcher une infox de circuler vitesse grand V, et aujourd’hui c’est (très probablement) pire 😞.
Qui partagent ces infox?
Vous l’avez probablement déjà compris, la seule réponse valable à cette question est TOUT LE MONDE.
La circulation de l’infox est un travail d’équipe.
Le problème est que souvent, on ne sait pas qu’on fait partie de l’équipe… 😱
On va donc s’attaquer aujourd’hui à prendre conscience de notre rôle (souvent intermittent) dans la circulation de l’infox.
Il existe de nombreuses intentions ou motivations sous-jacentes au partage d’infox. Pour faciliter la compréhension, je vous ai résumé cela en trois grands types de partageurs d’infos: → ceux qui créent → ceux qui supportent → ceux qui passent le temps
Ces trois catégories ne sont pas exclusives, et en fonction des jours et des sujets nous pouvons tous naviguer de l’une à l’autre.
👨🎨 Les créateurs
C’est marqué dessus, comme le port-salut: un créateur, ça crée de la mésinformation.
De multiples études ont essayé de comprendre qui sont ces désinformateurs. Une des conclusions récurrentes est qu’il ne faut pas beaucoup de créateurs pour générer beaucoup de mésinformation.
On parle beaucoup des désinformateurs, à savoir:
les personnes ou entités qui sont parfaitement conscientes de la fausseté de l’information qu’elles créent,
et qui la partage à dessein avec une intention de nuire, ou de gagner de l’argent.
Entreprises aux intentions douteuses, bandes organisées, états ennemis, groupes politiques ou idéologiques. Ils relèvent de la fraude ou du délit, et les arnaques identifiées méritent d’être dénoncées (voir les Clés Edition #3 pour en savoir plus)
Il s’agit donc ici de créer pour tromper.
Avec des conséquences plus ou moins graves pour notre société, votre santé, ou votre portefeuille.
Exemple léger pour changer: summer body oblige, en ce moment les contenus de ce type fleurissent sur les fils d’actualité des femmes, associés à des produits miracles … à acheter à bon prix bien sûr!
Mais les pros de la désinformation ne sont pas seuls sur les réseaux.
‼️Aujourd’hui tout le monde peut créer du contenu, et donc de l’infox
En 2025, on crée du contenu à tour de bras. Du texte ou pire, du visuel. Cela n’a jamais été aussi facile. Il suffit de savoir se servir d’un outil de graphisme en ligne type Canva pour créer diaporama ou une video et les partager sur les réseaux sociaux. Sans parler des nouvelles possibilités offertes par l’IA.
Les réseaux regorgent donc de contenus de santé faux ou biaisés, créés par des marketeurs de contenus et autres community managers (vous et moi compris) plus ou moins conscients des règles de base de vérification des informations scientifiques.
Un titre accrocheur, un visuel surprenant. Objectif 👉 attirer l’attention, créer de l’engagement. La véracité du propos passe au second plan, consciemment ou inconsciemment.
Ca te parle? tu as des exemples en tête? Raconte le nous en commentaire!
Ici l’intention est d’apporter son soutien à une cause, une communauté ou une personne, souvent sans réellement chercher à savoir si l’information est fausse.
Les supporteurs sont souvent des enthousiastes. Ils partagent les infox sans vérifier, pour apporter leur soutien à la voix d’une cause ou d’une personnalité. En matière de santé, cela peut aussi s’appliquer aux adeptes de certaines pratiques non-conventionnelles dont l’efficacité n’a pas été démontrée (voire le contraire…).
Ils peuvent aussi être des adeptes d’une cause. Ils sont profondément lié.e.s à une communauté en ligne qui diffuse des affirmations potentiellement fausses et trompeuses. Les informations partagées par la communauté sont alignées avec leur vision du monde, ils les croient vraies et veulent les partager avec d'autres.
Les passeurs de temps
Bon j’avoue, je n’ai pas trouvé mieux comme nom pour décrire cette catégorie. Mais cela décrit bien l’esprit.
Ici on trouve les partageurs compulsifs, qui partagent sans vérifier dès qu’ils voient quelque chose en ligne qui leur semble utile ou inquiétant, car ils préfèrent que les gens aient le plus d'informations possible.
Et les partageurs occasionnels, quand ils essaient de tuer l’insomnie en faisant défiler leur fil d’actualités, ou qu’ils s’embêtent dans la queue du supermarché, dans la rame de métro, ou dans des situations moins racontables 🤭
Prenez deux minutes pour relire ces catégories et voir si vous vous identifiez dans l’une d’entre elles…
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La clé 🔑 anti-partage du jour
Nous pouvons donc tous et toutes (oui, même avec un bac +10) participer au partage et à la diffusion de l’infox santé.
La bonne nouvelle est que nous pouvons aussi participer à l’arrêter! 🥳
La première clé 🔑 est donc de comprendre notre propre rôle d’intermittents du partage d’infox. La seconde est de repérer les situations propices pour contre-carrer nos pulsions ou nos tendances infoxiennes (oui, j’invente des mots aujourd’hui).
Voici un petit guide de décision en image pour aider vos clients, patients, collègues à choisir entre partage et non partage des informations de santé sur les réseaux sociaux ⬇️⬇️
Attention: quand on parle de partage sur les réseaux sociaux, ca inclut les groupes WhatsApp, les comptes privés, et même dans nos discussions et échanges hors ligne!
J’espère que cela vous sera utile, et comme d’habitude les commentaires sont les bienvenus!
C’est fini pour aujourd’hui 🥲
Les Clés reviennent dans 15 jours, pour plonger dans les mécanismes qui rendent le partage irrésistible ou presque 😵.
En prime, je t'en dirai plus sur les prochaines sessions de mon nouveau Bootcamp de 2 fois 1h30: “Désinformation, IA et santé : comprendre, réagir et se protéger”. Une occasion de plus pour toi de te former à la lutte contre l’infox🙌
J‘espère que ce nouvel opus t’a plu !
N’hésite à cliquer sur le petit coeur 💛 pour me le faire savoir et à laisser un commentaire avec tes feedbacks, idées et histoires !
A bientôt, profitez bien de vos bons longs weekends de mai!
